Analyse objective de la discorde au sein de la coalition présidentielle Diomaye Président
- Le Patriote

- 12 nov.
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Dakar, le 12 novembre 2025: La coalition « Diomaye Président », formée à la veille de l'élection présidentielle de mars 2024 pour soutenir la candidature de Bassirou Diomaye Faye, traverse actuellement une crise ouverte qui met en péril son unité. Ce qui débutait comme une alliance large et hétérogène, regroupant le Parti Africain pour le Travail, l'Éthique et la Fraternité (Pastef) et une quarantaine de formations politiques, semble se fracturer sous le poids de divergences managériales, idéologiques et de pouvoir. Cette analyse objective s'appuie sur les déclarations officielles, les réactions publiques et les dynamiques observées depuis plusieurs mois, pour décrypter les racines et les ramifications de cette discorde, sans parti pris.
Contexte : Une coalition née de l'urgence électorale
La coalition « Diomaye Président » a émergé comme un front uni face à l'ancien régime, propulsant Bassirou Diomaye Faye à la présidence avec plus de 54 % des voix au premier tour. Portée par l'élan populaire autour de Bassirou Diomaye Faye et de son allié Ousmane Sonko (Premier ministre et leader de Pastef), elle regroupait des forces progressistes, souverainistes et anti-système. Aïssatou Mbodj (Aïda Mbodj), figure de l'opposition modérée, en assurait la coordination via la Conférence des leaders. Cependant, dès l'après-électoral, des signes de fragilité sont apparus : la coalition, davantage électorale que programmatique, peinait à s'adapter à la gouvernance, avec des tensions sur le partage des responsabilités et la définition d'une ligne idéologique claire.
Les tensions antérieures : Un malaise managérial croissant
Les premières fissures remontent à l'été 2025, lorsque des critiques se sont multipliées contre le style de gestion d'Aïda Mbodj. Accusée d'autoritarisme – notamment pour avoir exclu des membres du groupe WhatsApp de la coalition pour des désaccords mineurs –, elle a été pointée du doigt pour avoir instauré un climat de censure et de léthargie. Ces pratiques ont conduit à une scission en août 2025, où une frange d'activistes, menée par Sidy Makhtar Coly et Pape Sène, a créé la « Plateforme nationale de la majorité présidentielle Jub Jubal Jubanti ». Ce nouveau groupe, comptant plus de 400 membres, visait à relancer le débat sur les politiques gouvernementales et a même soumis un plan de communication adopté par les autorités. Aïda Mbodj a riposté en dénonçant une « manœuvre de sabotage » contre le régime Diomaye, affirmant que la coalition restait active et que toute léthargie n'existait que dans l'imaginaire des dissidents. Ces événements ont révélé une fracture entre une base militante Pastef, attachée à une éthique rigoureuse, et des alliés perçus comme plus opportunistes.
Le déclencheur récent : La restructuration unilatérale proposée par le Président
Le point de rupture s'est cristallisé le 11 novembre 2025, lorsque le Président Diomaye Faye a annoncé, par lettre officielle, la fin de la mission d'Aïda Mbodj et la nomination d'Aminata Touré (ancienne Première ministre sous Macky Sall) à la tête d'une coalition restructurée autour de sa personne. Cette décision, motivée par le désir de renforcer l'unité autour de l'action gouvernementale, a été perçue comme un coup de force. Touré, symbole pour certains d'un compromis avec l'ancien système, incarne aux yeux des puristes une dérive vers une centralisation autour du chef de l'État, au détriment de l'esprit collégial initial. Des observateurs notent que cette initiative pourrait s'inscrire dans un « bloc autour de Diomaye » évoqué antérieurement par des proches comme Ass Diouf, signalant une volonté de contourner l'influence dominante de Pastef.
La réponse de Pastef : Assertion d'autonomie et création d'APTE
Pastef – Les Patriotes a réagi dans la foulée par un communiqué ferme, saluant l'intention de restructuration mais contestant l'autorité du Président à démettre Aïda Mbodj, désignée par la Conférence des leaders et non par Faye, qui n'était que le candidat investi. Le parti, par la voix de son Bureau politique, affirme que le processus de réorganisation est déjà avancé depuis des mois, avec l'élaboration d'une charte, d'un règlement intérieur et d'une proposition de nouveau nom : l'Alliance Patriotique pour le Travail et l'Éthique (APTE). Pastef rejette explicitement toute initiative coordonnée par Aminata Touré, avec qui il ne partage « ni les mêmes valeurs ni les mêmes principes », et réaffirme son soutien à Aïda Mbodj comme présidente de l'APTE. Sur les réseaux sociaux, cette position a suscité un tollé parmi les militants Pastef, qui y voient une « trahison » de Diomaye Faye et un appel à écarter les « faucons » autour de lui, accusés de diviser le duo Diomaye-Sonko.
Implications : Risques pour la majorité présidentielle et la gouvernance
Cette discorde expose la mouvance présidentielle à un risque majeur de balkanisation. Pastef, avec ses 130 députés sur 165 à l'Assemblée nationale, reste la force dominante ; une rupture pourrait paralyser le soutien législatif et affaiblir l'exécutif face à l'opposition. Idéologiquement, elle oppose une vision « pure » (souverainiste, anti-système) à une approche plus pragmatique, potentiellement inclusive mais vue comme une compromission. Sur le plan public, les réactions sur X traduisent une déception profonde chez les Patriotes, avec des appels à préserver la santé mentale collective après les « brimades » passées. Économiquement et socialement, une coalition fracturée pourrait entraver les réformes en cours, comme la souveraineté alimentaire ou la transformation numérique, dans un contexte de défis conjoncturels.
Conclusion : Vers une refondation nécessaire ou une implosion ?
La crise de « Diomaye Président » n'est pas seulement managériale ; elle interroge la viabilité d'une alliance post-électorale dans un Sénégal en pleine refondation. Si Pastef pousse pour l'APTE comme cadre unifié et éthique, l'entourage de Diomaye Faye semble opter pour une structure plus personnalisée. Une médiation, pourrait apaiser les tensions, mais l'absence de dialogue inclusif risque d'approfondir le fossé. À ce stade, l'unité de la mouvance reste un impératif pour la stabilité républicaine ; son échec pourrait marquer le début d'une ère de turbulences politiques, au détriment des aspirations populaires à la rupture.
À LE PATRIOTE, nous suivons cette évolution avec vigilance, convaincus que seule une concertation authentique préservera l'élan souverainiste. Restez informés pour les prochaines déclarations.
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Analyse objective de la discorde au sein de la coalition présidentielle Diomaye








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