Le Pr Macron annonce la reconnaissance de l’État de Palestine : la France pose un acte politique majeur, conditionnant l’ouverture d’une ambassade à un cessez-le-feu et à la libération des otages
- Elhadji Falilou Fall

- 22 sept.
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Dans un discours résolument axé sur l’urgence humanitaire et la nécessité d’un retour à la diplomatie, le chef de l’État a rappelé la condamnation ferme des attaques du 7 octobre et appelé à la « libération sans délai » des otages encore détenus. « La reconnaissance des droits légitimes de la Palestine n’enlève rien aux droits du peuple israélien », a-t-il souligné, insistant sur l’attachement de la France à la sécurité d’Israël tout en affirmant la responsabilité historique de la communauté internationale pour préserver la possibilité d’une solution à deux États.
Emmanuel Macron a assorti la reconnaissance d’un engagement politique concret : l’ouverture d’une ambassade de France auprès de l’État palestinien sera envisagée dès que deux conditions seront réunies — l’établissement d’un cessez-le-feu durable à Gaza et la libération de l’ensemble des otages. Parallèlement, Paris s’est dit prête à contribuer à une mission internationale de stabilisation et à accompagner, avec ses partenaires européens, la formation de forces de sécurité palestiniennes aptes à garantir l’ordre et à préparer une transition politique.
Le président français a esquissé, devant les délégations réunies à New York, une vision pour la gouvernance future de la bande de Gaza : un partage du pouvoir entre l’Autorité palestinienne et des composantes de la « jeunesse palestinienne », assorti d’un appui international pour désarmer les groupes armés et reconstruire les institutions. Cette proposition vise à concilier restauration de l’autorité civile et garanties de sécurité, mais sa mise en œuvre promet d’être complexe et dépendra d’un large accord régional et international.
Selon le décompte mentionné à la tribune, la reconnaissance de la Palestine par la France porte à au moins 146 le nombre d’États ayant formalisé ce pas auprès des 193 membres des Nations unies. Il convient néanmoins de rappeler que ce geste ne modifie pas mécaniquement le statut des Palestiniens à l’ONU : l’adhésion pleine et entière nécessiterait une décision du Conseil de sécurité, où le veto de certains membres permanents demeure déterminant.
Conséquences et perspectives.
La décision française a une portée double : symbolique — elle consolide la légitimité politique de la cause palestinienne sur la scène internationale — et pragmatique — elle constitue un instrument de pression diplomatique destiné à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages. Pour Paris, il s’agit aussi de préserver la faisabilité d’une solution à deux États, en inscrivant la reconnaissance dans une stratégie plus large de stabilisation, d’assistance humanitaire et de reconstruction.
Le rôle proposé par la France — formation des forces de sécurité palestiniennes, contribution à une mission internationale, conditionnement de l’ouverture d’une ambassade — place Paris au cœur d’un possible dispositif européen et international de sortie de crise. Reste à savoir si ce positionnement sera suivi d’une coordination effective avec les autres acteurs majeurs (États-Unis, Union européenne, pays arabes) et si les conditions politiques et sécuritaires permettront une mise en œuvre rapide et crédible des mesures annoncées.
À suivre : les réactions officielles d’Israël et des principaux alliés transatlantiques, l’adhésion ou non d’autres capitales européennes à ce mouvement de reconnaissance, ainsi que les premières initiatives concrètes de Paris en vue d’une mission internationale de stabilisation, seront des indices cruciaux pour mesurer la portée réelle de l’annonce faite à New York.




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