Nutrition et santé publique : l’Afrique se mobilise contre la malbouffe
- Elhadji Falilou Fall

- 10 sept.
- 2 min de lecture

C’est dans ce contexte que l’initiative CCHEFS (Catalyzing Change for Healthy and Sustainable Food Systems) a réuni, du 8 au 10 septembre à Saly, des équipes de recherche issues de huit pays, ainsi que des organisations régionales et partenaires au développement. L’objectif : définir une vision commune et une feuille de route pour transformer les systèmes alimentaires africains au cours des cinq prochaines années.
Le Sénégal en première ligne
Au niveau national, deux projets structurants sont conduits sous la coordination du Conseil national du développement de la nutrition (CNDN) :
REPER (Renforcer les actions politiques fondées sur des données probantes), piloté par le Laboratoire de recherche en nutrition et alimentation humaine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (LARNAH/UCAD), pour renforcer les environnements favorables à une alimentation saine et durable en Afrique de l’Ouest ;
AURAS (Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains), porté par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), centré sur l’accessibilité économique des aliments nutritifs.
Le Pr Abdoulaye Diagne, directeur exécutif du CRES, souligne que l’atelier de Saly constitue « une étape importante pour consolider les acquis et tracer une feuille de route claire pour les cinq prochaines années ».
Vers des politiques publiques plus ambitieuses
Pour Madiha Ahmed, cheffe de programme au Centre de recherches pour le développement international (CRDI), la malbouffe est « l’un des plus grands défis de société au niveau mondial ». Elle insiste sur la nécessité de réguler l’environnement alimentaire afin de limiter la concurrence des produits malsains, qui orientent les choix des consommateurs.
Parmi les pistes évoquées figure l’utilisation d’outils économiques comme la fiscalité. « À l’image du tabac, il faut envisager de surtaxer régulièrement les aliments malsains afin de décourager leur consommation », préconise le Pr Diagne. Des pays comme le Kenya et le Ghana expérimentent déjà des mesures similaires, notamment des taxes sur les boissons sucrées, l’étiquetage nutritionnel obligatoire ou encore l’amendement des lois de santé publique.
Une dynamique panafricaine
Cofinancée par le CRDI et la Fondation Rockefeller à hauteur de 23 millions de dollars canadiens (près de 9,3 milliards FCFA), l’initiative CCHEFS s’attache à produire des données probantes pour éclairer les décisions des gouvernements et appuyer des réformes structurelles. Elle ambitionne d’accélérer la transition vers des systèmes alimentaires africains capables de lutter efficacement contre la malnutrition sous toutes ses formes, en zone urbaine comme en zone rurale.
En plaçant la nutrition au cœur des politiques publiques, l’Afrique entend non seulement protéger la santé de ses populations, mais aussi renforcer la durabilité et la compétitivité de ses filières alimentaires.




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