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Plan de redressement 2025-2028 : la nouvelle fiscalité sur le mobile money suscite la controverse

  • Photo du rédacteur: Elhadji Falilou Fall
    Elhadji Falilou Fall
  • 15 sept.
  • 2 min de lecture
Le 1er août dernier, le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté un plan de redressement économique et social (2025-2028) destiné à mobiliser 220 milliards de FCFA pour faire face à une situation financière critique. Selon le dernier rapport de la Cour des comptes (février 2025), le Sénégal affiche un déficit budgétaire de 12,3 % et une dette publique avoisinant 99,67 % du PIB.
Le 1er août dernier, le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté un plan de redressement économique et social (2025-2028) destiné à mobiliser 220 milliards de FCFA pour faire face à une situation financière critique. Selon le dernier rapport de la Cour des comptes (février 2025), le Sénégal affiche un déficit budgétaire de 12,3 % et une dette publique avoisinant 99,67 % du PIB.

Parmi les mesures phares de ce plan figure une nouvelle fiscalité sur le mobile money : 0,5 % sur toutes les transactions et 0,1 % directement prélevés sur les clients. Le dispositif s’accompagne d’une taxe de 1,5 % sur les paiements marchands ainsi que d’une fiscalisation des paris sportifs en ligne.

Un secteur numérique ciblé comme levier fiscal

Lors de la présentation du plan, le Premier ministre a justifié cette orientation par la nécessité de mieux encadrer un secteur « en plein essor mais jusqu’ici sous-fiscalisé ».« Nous avons énormément de niches, notamment dans le secteur du numérique. Il s’agit des jeux de hasard en ligne, du mobile money, des transferts marchands… », a-t-il déclaré.

Avec plus de 15 300 milliards de FCFA de transactions en 2025 (BCEAO, ministère des Finances), le mobile money est devenu un pilier incontournable de l’économie nationale, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines. Plus de 90 % des adultes sénégalais utilisent désormais des portefeuilles électroniques (Orange Money, Wave, Free Money), contre un taux de bancarisation classique limité à 26 %.

Vives inquiétudes des consommateurs

L’Union Nationale des Consommateurs du Sénégal (UNCS) dénonce une réforme jugée injuste et potentiellement lourde de conséquences sociales. Dans une déclaration publiée le 15 septembre, l’organisation alerte sur plusieurs risques :

  • alourdissement du coût des transactions, en particulier pour les ménages modestes;

  • retour massif au cash, compromettant les efforts de digitalisation et de sécurisation des flux ;

  • pénalisation des petits transferts, vitaux pour les familles à faibles revenus ;

  • double imposition combinant les frais des opérateurs et la nouvelle taxe étatique ;

  • frein à l’inclusion financière, alors que le mobile money est devenu un outil d’intégration économique.


« Même une taxation faible peut représenter un fardeau disproportionné sur les petits montants », souligne l’UNCS, qui met également en garde contre un risque accru de méfiance envers les politiques fiscales.

Des alternatives proposées

Pour concilier impératifs budgétaires et protection des usagers, l’UNCS recommande de:

  • cibler uniquement les gros transferts (au-delà de 500 000 FCFA) ;

  • taxer les bénéfices nets des opérateurs plutôt que les clients ;

  • réinvestir les recettes fiscales dans des projets d’inclusion financière ;

  • instaurer un dialogue national regroupant l’État, les opérateurs et les associations de consommateurs.


« Le mobile money est devenu un service de première nécessité, au même titre que l’eau ou l’électricité. Y appliquer une taxation directe revient à pénaliser les plus vulnérables et à compromettre des acquis majeurs en matière de modernisation économique », conclut Ibrahima Dramé, président de l’UNCS.


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