Sénégal : Le gouvernement signe un protocole d’accord pour dynamiser la filière rizicole et promouvoir le "consommer local"
- Le Patriote

- il y a 6 jours
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Cette initiative, impulsée lors du Conseil des ministres du 5 novembre par le Président de la République, vise à consolider l’autosuffisance alimentaire et à soutenir les producteurs nationaux face à une dépendance persistante aux importations.
Le riz, aliment de base pour plus de 17 millions de Sénégalais, représente un enjeu majeur pour l’économie agricole du pays. Avec une production nationale projetée à 645 000 tonnes de riz usiné pour l’année marketing 2025/26 – en hausse de 7 % par rapport à l’exercice précédent –, le Sénégal peine encore à couvrir ses besoins estimés à 2,2 millions de tonnes annuelles, d’où une forte dépendance aux importations, principalement en provenance d’Asie. Ce protocole d’accord intervient comme une réponse structurée à ces défis, en instaurant un cadre partenarial qui allie incitations économiques et mesures réglementaires.
Les piliers du protocole : un équilibre entre soutien aux producteurs et fluidité du marché
Au cœur de cet accord figure la fixation d’un prix ex-usine du riz blanc à 350 francs CFA le kilogramme. Cette mesure, saluée par les riziculteurs, garantit une rémunération équitable pour les producteurs, souvent confrontés à la volatilité des cours mondiaux. Parallèlement, les organisations de commerçants se sont engagées à absorber l’intégralité des volumes disponibles directement sur les sites de production, sécurisant ainsi l’écoulement de la récolte nationale et minimisant les pertes post-récolte, qui peuvent avoisiner 20 % dans certaines régions.
Pour renforcer l’intégration du riz sénégalais sur le marché intérieur, un mécanisme innovant d’indexation des importations a été instauré. Désormais, tout recours aux produits étrangers sera conditionné aux achats prioritaires de la production locale, incitant les opérateurs économiques à privilégier l’offre domestique. Cette approche vise non seulement à réduire les flux importés – qui représentent encore plus de 70 % de la consommation nationale – mais aussi à stabiliser les prix pour les consommateurs.
Une campagne de sensibilisation et des garde-fous réglementaires
Le Ministère prévoit par ailleurs une vaste campagne nationale de communication et de promotion, axée sur les atouts nutritionnels et gustatifs du riz sénégalais : sa fraîcheur, son adaptation aux terroirs locaux et son rôle dans la préservation de la biodiversité agricole. Cette initiative s’appuiera sur les médias traditionnels et numériques pour sensibiliser les ménages à l’importance du "consommer local", en lien avec les objectifs de développement durable des Nations Unies.
En complément, une suspension provisoire des délivrances de Dérogations aux Importations Prohibées et Autorisée (DIPA) a été décidée. Cette mesure temporaire permettra d’écouler les stocks existants et d’affiner l’évaluation des volumes disponibles, évitant ainsi une surproduction importée préjudiciable aux acteurs locaux.
Enfin, un cadre interministériel dédié, regroupant les portefeuilles du Commerce et de l’Agriculture, a été mis en place pour assurer un suivi rigoureux, une coordination efficace et une évaluation périodique des impacts. Ce mécanisme garantira l’adaptabilité des mesures face aux aléas climatiques ou aux fluctuations du marché mondial.
Perspectives : vers une filière rizicole résiliente et inclusive
Ce protocole d’accord s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté alimentaire, portée par le Plan Sénégal Émergent (PSE). En favorisant une rémunération juste et un écoulement sécurisé, il pourrait non seulement accroître la part de marché du riz local – estimée à 30 % actuellement – mais aussi générer des emplois ruraux et stimuler les chaînes de valeur associées, comme le conditionnement et la transformation. Les experts du secteur saluent cette avancée, tout en appelant à des investissements complémentaires en irrigation et en mécanisation pour doubler la production d’ici 2030.
Reste à observer les premiers effets sur le terrain : les prochains mois seront déterminants pour évaluer si cette stratégie patriotique parvient à inverser la courbe des importations et à ancrer durablement le riz sénégalais à la table des citoyens. Le Ministère de l’Industrie et du Commerce s’est engagé à publier un rapport d’étape d’ici mars 2026.
Par LE PATRIOTE, Journaliste économique. Sources : Communiqué officiel du Ministère de l’Industrie et du Commerce ; Rapports USDA et analyses sectorielles.

Sénégal : Le gouvernement signe un protocole d’accord pour dynamiser la filière rizicole et promouvoir le "consommer local"




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