Dakar accueille la première édition du Forum « This Is Africa Digital » : Vers une Afrique souveraine et inclusive dans le numérique

Dakar, 14 novembre 2025 – Le Monument de la Renaissance Africaine, symbole emblématique de l'aspiration continentale à l'émergence, a abrité les 13 et 14 novembre la première édition du Forum « This Is Africa Digital » (TIAD)

Cet événement panafricain, initié sous l'égide d'acteurs locaux et régionaux, s'est posé en catalyseur des débats sur la transformation digitale inclusive, plaçant au premier plan l'éducation numérique, l'intelligence artificielle (IA), la protection des données et l'autonomisation des femmes. Dans un contexte où l'Afrique ne représente que 3 % de la production mondiale de contenus numériques malgré une population jeune et dynamique, ce rendez-vous souligne l'urgence d'une souveraineté technologique affirmée.

Organisé à Dakar, le TIAD a réuni pendant deux jours décideurs publics, leaders du secteur privé, partenaires techniques et financiers, ainsi que de jeunes innovateurs issus de plusieurs pays africains. L'objectif : forger des alliances concrètes pour surmonter les fractures numériques du continent, estimées à plus de 200 millions de personnes non connectées en Afrique subsaharienne. Fatou Ka, Directrice Générale de TIAD, a ouvert les débats en insistant sur la protection des données personnelles comme « condition indispensable pour une souveraineté numérique réelle ». Elle a appelé à une sensibilisation accrue, soulignant que la formation des jeunes et l'inclusion des femmes dans l'économie digitale constituent des leviers essentiels pour ouvrir de nouveaux marchés et stimuler un entrepreneuriat féminin compétitif.

Éducation et IA : Des initiatives pour ancrer une culture digitale dès le berceau

La dimension éducative a occupé une place centrale, avec une intervention remarquée de Fatou Sène, représentante du Ministère de l'Éducation nationale du Sénégal. Elle a présenté les avancées du pays en matière d'adaptation de l'enseignement aux usages technologiques contemporains : pas moins de 105 000 enseignants seront formés à l'IA et au numérique d'ici la fin de l'année, dont 7 000 référents numériques déjà déployés sur le terrain. Ces efforts visent à instiller une culture digitale structurante dès l'école primaire, favorisant ainsi une génération d'Africains outillés pour l'innovation. « L'éducation numérique n'est pas un luxe, mais un impératif pour la compétitivité continentale », a-t-elle déclaré, en écho aux recommandations de l'Union Africaine sur l'Agenda 2063.

Coopération régionale et exemples inspirants : Le Rwanda comme modèle

La coopération interafricaine a été un fil rouge des échanges, illustrée par l'intervention de Guillaume Serge Nzabonimana, représentant de l'ambassadeur du Rwanda à Dakar. Il a salué l'initiative sénégalaise et rappelé la vision partagée d'une Afrique connectée, capable de forger ses propres solutions numériques. Le portail national IREMBO, plateforme rwandaise d'e-gouvernance, a été mis en avant comme un cas d'école : en simplifiant les démarches administratives et en renforçant la transparence publique, il a permis de traiter plus de 10 millions de transactions en ligne depuis son lancement, réduisant les délais de 80 % pour les citoyens. Cette approche, ancrée dans une stratégie nationale de numérisation, inspire les délégations africaines à répliquer de tels modèles adaptés aux contextes locaux.

Alfousseyni Ba, Président Directeur Général de One Africa Group, a complété ce tableau en plaidant pour une reprise en main technologique par le continent. « L'Afrique doit cesser de se cantonner au rôle de fournisseur de matières premières et prendre le contrôle de son développement », a-t-il affirmé, en appelant à la possession de ses données, de ses datacenters et à une refonte de l'éducation alignée sur les besoins réels. L'autonomisation des femmes et des jeunes, qu'il qualifie de « moteurs de l'innovation », émerge comme un impératif éthique et économique, potentiellement générateur de 300 milliards de dollars de PIB additionnel d'ici 2025, selon les estimations de la Banque Mondiale.

Enjeux émergents : Régulation, culture et IA relationnelle

La journée de clôture, en cours au moment de ces lignes, a approfondi des axes prospectifs. Un panel sur l'économie numérique, animé par des représentants d'Airtel Africa, a exploré comment une régulation adaptée peut catalyser l'innovation et transformer les économies africaines, avec un focus sur les startups fintech qui représentent déjà 40 % des investissements digitaux en Afrique de l'Ouest. Les enjeux de protection des données à l'ère de l'IA ont été scrutés, appelant à des cadres juridiques robustes – inspirés du RGPD européen mais adaptés aux réalités africaines – pour sécuriser les usages et restaurer la confiance citoyenne.

Le « Culture Hub », un espace dédié à la créativité et aux industries culturelles, a quant à lui interrogé les synergies entre art, numérique et diffusion. Des échanges sur l'intelligence relationnelle africaine, de la tradition de la palabre aux chatbots médiés, ont enrichi le débat, soulignant comment les valeurs communautaires peuvent infuser les technologies émergentes.

Perspectives : Dakar, laboratoire de l'innovation panafricaine

Cette première édition du TIAD s'achève sur une note résolue : l'Afrique s'affirme comme acteur pivotal de l'économie numérique mondiale, avec Dakar en fer de lance. Les résolutions attendues incluront des engagements concrets pour des partenariats public-privé et des fonds d'investissement ciblés. En positionnant le Sénégal comme hub continental, cet événement renforce la vision d'un continent uni face aux défis globaux, où la digitalisation inclusive devient le socle d'une renaissance économique et sociale.

Dakar accueille la première édition du Forum « This Is Africa Digital » : Vers une Afrique souveraine et inclusive dans le numérique