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Dakar, Épicentre de la Francophonie Scientifique : Un Appel à la Souveraineté du Savoir sous l'Ère Faye

  • Photo du rédacteur: Le Patriote
    Le Patriote
  • 3 nov.
  • 3 min de lecture
Slim Khalbous Président de l'AUF
Dans les salles vibrantes de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l'Afrique francophone se réinvente. Depuis ce lundi 3 novembre 2025, la capitale sénégalaise pulse au rythme de la 19ᵉ Assemblée Générale de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et de la 5ᵉ Semaine Mondiale de la Francophonie Scientifique (SMFS)

Plus de 800 congressistes – décideurs académiques, ministres et chercheurs de 60 pays – convergent vers cette terre de Teranga pour repenser la science au prisme des défis mondiaux. Au cœur de l'ouverture, le recteur de l'AUF, Slim Khalbous, a lancé un cri du cœur : "Reprioriser la francophonie scientifique" face à la crise du multilatéralisme. Un rendez-vous qui, sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, positionne le Sénégal comme fer de lance d'une Afrique savante et souveraine.


Une Ouverture Tonitruante : Resserrer les Rangs Face aux Fractures Globales

"La crise du multilatéralisme n’a épargné aucune communauté, y compris la nôtre. Il est urgent de resserrer les rangs et de repenser nos priorités." Ces mots de Slim Khalbous, prononcés lors de l'inauguration, résonnent comme un diagnostic implacable. Dans un monde fracturé – guerres hybrides, hégémonie numérique anglo-saxonne, sous-investissements chroniques –, la francophonie scientifique est mise à l'épreuve. Le recteur déplore la "remise en cause de la neutralité de la science", minée par des financements biaisés et des influences géopolitiques, et le "faible investissement dans l’enseignement supérieur" : en Afrique subsaharienne, moins de 1 % du PIB y est consacré, contre 2,5 % en moyenne OCDE.

Économiquement, cet appel est un signal d'alarme. La science n'est pas un luxe : elle est le carburant de la croissance. Au Sénégal, où le chômage des jeunes diplômés avoisine les 25 %, valoriser la recherche francophone pourrait débloquer 1 à 2 points de PIB annuel via l'innovation (brevets, startups). Khalbous exhorte à une recherche "inclusive et solidaire", défendant le français – langue de 300 millions de locuteurs – contre l'écrasante domination anglaise (90 % des articles Scopus). Résultat espéré : une visibilité accrue pour les chercheurs africains, traduisant en emplois et en export de savoir-faire.


L'Assemblée Générale de l'AUF : Stratégie Quadriennale pour une Francophonie Résiliente

En marge de la SMFS, l'Assemblée Générale – réunie jusqu'au 5 novembre – forge la feuille de route 2026-2029 de l'AUF. Au menu : renouvellement des instances dirigeantes, révision des statuts, et débats cruciaux sur la mobilité des chercheurs (visas facilités pour 10 000 échanges/an), l'insertion professionnelle des diplômés (programmes entrepreneuriat touchant 50 000 jeunes), et la valorisation des publications en français (via fonds pour open access, budget : 5 millions €).

Ces discussions ne sont pas abstraites : elles portent les germes d'une économie du savoir. Imaginez : une université sénégalaise exportant des expertises en IA éthique ou en agro-écologie vers le Québec ou le Vietnam. Sous Faye, qui préside l'événement, le Sénégal pousse pour intégrer les langues nationales (wolof, peul) dans la recherche, brisant le monopole linguistique et favorisant une innovation ancrée localement. Le président, citant Cheikh Anta Diop – "Armez-vous de science jusqu’à la dent, arrachez votre patrimoine culturel" –, invite les pays du Sud à "valoriser la culture scientifique dès le plus jeune âge", inversant la fuite des cerveaux (20 000 Sénégalais formés à l'étranger ne reviennent pas).


Bassirou Diomaye Faye : Le Sénégal, Laboratoire de l'Innovation Sud-Sud

L'intervention du président Faye élève l'événement au rang de manifeste souverain. Exhortant les nations du Sud à conjuguer efforts pour "innover et raviver l'intérêt de la jeunesse pour les maths, la science et la technologie", il lie science et développement économique. Réformes phares : transformation numérique de l'enseignement (50 % des universités sénégalaises connectées d'ici 2027), mobilité accrue (échanges UEMOA), et pertinence des formations face au marché (focus sur techniciens et entrepreneurs).

Économiquement, c'est un pari gagnant. Le Sénégal, avec un PIB en hausse de 6,5 % projeté pour 2025, mise sur l'éducation pour créer 100 000 emplois STEM d'ici 2030. La SMFS accélère cela : partenariats avec la BAD pour 200 millions USD en recherche verte, ou avec la France pour des labs partagés. Faye insiste : intégrer le numérique et les langues locales pour une "autonomisation du savoir", évitant le piège de la dépendance aux modèles importés.


Perspectives : Une Francophonie Scientifique au Service de l'Émergence Africaine

Jusqu'au 6 novembre, Dakar vibrera d'ateliers sur l'entrepreneuriat jeunesse et l'innovation – un écho à l'ambition du président de la république d'une Afrique qui "pense par elle-même". Mais au-delà des discours, l'enjeu est clair : passer de la solidarité rhétorique à des investissements massifs. Si la francophonie scientifique triomphe, elle pourrait ajouter 500 milliards FCFA à l'économie sénégalaise via l'export de talents et d'innovations.


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